dimanche 21 mai 2023
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Vu sur Média Citoyens

PARTI-PRIS - Cette fois, les Français n'en pouvaient plus ; ils allaient, c'est certain, bloquer le pays pour manifester leur colère contre cette satanée réforme des retraites. Le mercredi 07 mars 2023, tout allait s'arrêter, l'économie se trouverait paralysée ; bien pire encore qu'en 1995 où la France avait connu une léthargie de plus d'un mois ; le pays allait devenir ingouvernable.

Les antennes du service public annonçaient cette mobilisation depuis près de 3 semaines avec une succession de reportages au plus près de la colère des Français et des blocages qui "se préparent un peu partout dans le pays". Et, en parallèle, des lignes éditoriales savamment étudiées pour exacerber la colère face à une inflation "qui s'enflamme chaque jour un peu plus", des "français qui n'y arrivent plus" et "une possible convergence des luttes qui semble poindre". Bref, cette fois, nous n'allions pas y échapper.

Et puis, il y avait ce "déni de démocratie" qui tournait en boucle dans les médias durant des jours, des semaines ; ce "49-3 qui met la jeunesse dans la rue" (dixit le JT de 12.30 de France 3) et ces feux de poubelles filmés en live, caméra à l'épaule, donnant l'impression que le pays tout entier plongeait dans le chaos.

Quelques centaines de micro trottoirs plus tard, la montagne de protestations a accouché d'une souris insurrectionnelle. Le grand soir attendu par "toutes les équipes de BFM TV mobilisées pour vous faire vivre l'événement au plus près" n'a pas eu lieu. "Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?" demande, l'air hagard, le reporter de la chaine d'information dépêché au Stade de France pour l'opération "Cartons rouges et sifflets" (produite par la CGT du 93 en collaboration avec une ribambelle de médias dont BFM TV).

Ce qui n'a probablement pas fonctionné est, justement, la manipulation politico-médiatique. Celle de rédactions déconnectées de la réalité et qui, s'imaginant toutes puissantes, ont voulu écrire un récit qui ne correspond pas à l'inclinaison du pays. Ce qui n'a pas fonctionné est la pensée magique de journalistes confondant leurs fantasmes avec le réel, persuadés que la quasi-unanimité médiatique face à cette réforme allait suffire à faire basculer le pays dans la fureur incontrôlée, dans la révolte.

Même si les Français, une nouvelle fois, se sont montrés bien plus raisonnables que la grande majorité de leurs médias, on ne peut s'empêcher de constater - avec effroi - l'état du paysage médiatique hexagonal. Dans quel état faut-il se trouver pour se tromper aussi lourdement sur les intentions d'un peuple que l'on croit connaitre ? Dans quel niveau de journalisme militant faut-il être pour ne plus pouvoir se connecter au ressenti de la majorité, notamment silencieuse ?

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dimanche 7 mai 2023
La France silencieuse

Imaginez une classe dans laquelle le professeur ne donnerait la parole qu’aux turbulents du dernier rang et à ceux qui refusent de travailler, d’apprendre.

Imaginez une classe dans laquelle ceux qui respectent les règles communes et font de leur mieux pour progresser n’intéresseraient nullement l’enseignant au point de les priver de leur liberté d’expression.
 
Les médias français, dans leur grande majorité, confisquent la parole à cette France silencieuse, travailleuse, créative. Pas assez revendicative, pas assez outrancière, pas assez en colère pour franchir le filtre de rédactions qui, le plus souvent, confondent journalisme et propagande. Ainsi, dans les JT de France Télévisions, vous verrez avant tout des micro trottoirs de marchés, de pompes à essence et de mécontentements pluriels.

Jamais, ou presque, de français modérés, de français qui interrogent et qui doutent, de français qui trouvent que leur pays se porte plutôt bien. Ce miroir déformant explique pour partie la mauvaise image que nombre de compatriotes ont d’eux-mêmes et de leur pays ; ils se trouvent face à un récit médiatique très éloigné de leurs ressentis, de leur vécu mais ne peuvent faire autrement que subir cette narration anxiogène, dépressive.

Le microcosme médiatique est composé à 90% de parisiens qui ont suivi les mêmes cursus, sont diplômés des mêmes écoles, gravitent dans les mêmes univers et font partie du même sociostyle. Persuadés de détenir la vérité, leur vision de la France est le plus souvent étriquée, partielle en plus d’être fortement militante ; en outre, elle ne se trouve jamais remise en question. Et ce sont eux qui imposent, depuis des décennies, leurs dogmes idéologiques, leurs certitudes, leurs névroses.

Pendant ce temps, des dizaines de millions de français vivent au-delà des syndicats, en marge des idéologies radicales, loin des discours factieux. Ils construisent leur vie sans crier, sans insulter, sans menacer mais avec courage et abnégation. Bien sûr, cette France discrète et modérée n’intéresse pas des médias qui carburent, eux, au buzz, à la polémique, au spectaculaire. Néanmoins, elle existe et nourrit les (forts) pourcentages de français qui se déclarent mécontents de leurs médias.

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samedi 1 avril 2023
politique
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Libération
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édition du 1er avril.


mercredi 29 mars 2023
politique
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à méditer sérieusement...
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"Imaginons maintenant que le pouvoir n'ait plus besoin de la collaboration humaine. Que sa sécurité – et sa force – soit garantie par des instruments qui n'ont pas la possibilité de se révolter contre lui.

Une armée de capteurs, de drones, de robots capables de frapper à n'importe quel moment, sans la moindre hésitation. Ce serait, finalement, le pouvoir dans sa forme absolue. Tant qu'il se fondait sur la collaboration d'hommes en chair et en os, tout pouvoir, aussi dur fût -il, devait compter sur leur consentement. Mais quand il sera fondé sur des machines qui maintiennent l'ordre et la discipline, il n'y aura plus aucun frein. Le problème des machines n'est pas qu'elles se rebelleront contre l'homme, c'est qu'elles suivront les ordres à la lettre."

Lu dans "Le Mage du Kremlin" de Giuliano Da Empoli 

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jeudi 16 mars 2023
politique
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Journalisme

Pris sur Twitter : "Lorsque j'étais enfant, dans mon souvenir je devais avoir neuf ou dix ans, je ne comprenais pas pourquoi à huit heures du soir (c'est ainsi qu'on disait 20 h à l'époque) mes parents, surtout mon père, regardaient le journal télévisé avec autant d'intérêt et même une sorte de...

gravité.

A mes yeux, c'était le comble de l'ennui ! Sur l'écran de vieux messieurs à l'aspect sévère, portant des lunettes démesurément grandes, parlaient sans fin. Je me souviens très bien que leurs interminables propos étaient interrompus, rarement, par quelques courtes séquences d'images qui, elles, me captivaient.

L'accord avec mon père était clair, j'avais le droit, si je regardais le journal, de me coucher après celui-ci, à 20 h 25 et, à mon époque, c'était une offre qu'un enfant ne pouvait pas refuser !

Au début, je n'y comprenais rien et c'était, pour tout vous dire, extrêmement barbant ! Un jour, j'ai commencé à poser une question, puis une deuxième et ainsi de suite.

Tant et si bien, qu'un jour, après l'élection de François Mitterrand, j'avais dix ans, l'institutrice à poser une question à ma classe : qui peut me dire qui est le premier ministre de la #France ?

Je me rappelle, le sourire aux lèvres, l'expression de son visage quand j'ai cité un à un tous les membres du gouvernement !

Il faut croire que mon père savait ce qu'il faisait. Il avait intelligemment permis à son fils de s'ouvrir sur le monde des adultes.

Ainsi, je fus, tour à tour, profondément marqué par l'élection de François Mitterrand, l'attentat qui coûta la vie à Anouar el-Sadate ou par les funérailles d'Indira Gandhi (mais pourquoi donc ces étranges gens de l'autre bout du monde mettaient-ils le feu à une femme morte !?)

A l'époque, l'information s'enorgueillait d'être sérieuse. Céder à la facilité ou faire de celle-ci un spectacle eut été un déshonneur pour toute une rédaction.

Vous ne pouvez imaginer combien j'ai aimé les journalistes ! Ils faisaient briller mes yeux d'admiration.

Je me souviens d'avoir vu et revu un nombre incalculable de fois "Les hommes du président" avec Dustin Hoffman et Robert Redford. Deux journalistes avaient réussi, grâce à leur probité et à leur travail, en prenant tous les risques, à provoquer la démission du président des #EtatsUnis ! Ils étaient mes héros !

Bien sûr, en grandissant, j'ai appris que tout n'était pas aussi simple et majestueux que je le pensais enfant. Néanmoins, je repense avec une immense nostalgie au journalisme des années 80, cette époque étonnante où le journal Le Monde faisait avec tous ses suppléments la taille d'une petite encyclopédie quotidienne !

Je me souviens de mes bagarres idéologiques avec les élèves de gauche qui me traitaient de facho (déjà !) parce que jeune RPR je soutenais, en 1986, Jacques Chirac, le même qui, seulement 16 ans plus tard, allait devenir un... "rempart contre l'extrême droite" !

J'ai adoré l'information, la presse et les journalistes et puis...

Progressivement, sous couvert de bonnes intentions, l'information s'est transformée en "info". Bien évidemment, comme d'habitude, c'était pour le bien de tous qu'il fallait moderniser, rendre plus vivante, plus dynamique, plus captivante, plus sensationnelle l'info !

Puis, l'info est devenue de l'infotainment, ce monstre, issu de l'anglosphère, où l'information s'accouple, dans une relation contre nature, avec le divertissement.

Et me voilà en 2023, en train de pleurer sur la tombe du journalisme, ce métier qui ne fait plus rêver personne et qui ne génère plus aucun respect.

Je pourrais vous parler sans fin des dérives de cette profession mais à quoi bon puisque vous les connaissez autant que moi.

Souvent, comme vous certainement, je m'agace, je m'énerve devant les lâchetés et les injustices des agents d'une profession qui a vendu son âme.

Mais, en souvenir du passé, vous ne lirez jamais sous ma plume "merdias" et "journalopes" ces termes me répugnent. Ils salissent mes souvenirs."

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jeudi 2 mars 2023
films
Les vestiges du jour
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Un majordome qui s'est sacrifié corps et âme au service de son employeur, un lord anglais, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale se rend compte trop tard combien sa loyauté était mal avisée.

Titre anglais : Remains of the day (1993)

Casting Principal : Anthony Hopkins, Emma Thomson

 

Le film est tout en finesse. Extrèmement bien joué.

 

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